Parlons de valeurs !

Par Heiko Carrie, Président de Bosch Europe ouest et sud jusqu’à juin 2024, Président du Deutscher Industrie Kreis (DIK) et Directeur général de 2C Consulting. Heiko Carrie est membre de l’Advisory Board des Acteurs du franco-allemand.

Le monde tourne à un rythme toujours plus effréné, avec des avancées indéniables : les moyens de communication modernes nous permettent d’échanger et d’obtenir des informations en temps réel, l’intelligence artificielle permet des progrès fulgurants dans les domaines de la médecine, de la technologie et de la charge de travail.

Dans le même temps, nous sommes presque impuissants face aux dangers de cette évolution. Des influenceurs autoproclamés déterminent de plus en plus notre façon de penser, les fausses nouvelles rendent de plus en plus difficile la distinction entre vérité et mensonge, les messages politiques sont diffusés sans filtre, aussi abscons soient-ils. Le contrôle par des instances objectives n’est en fait plus possible.

Dans la même mesure, les valeurs d’autrefois perdent de leur importance. L’esprit communautaire cède de plus en plus la place à un égoïsme propagé, l’espoir d’obtenir des « likes » incite à des actions dangereuses pouvant aller jusqu’à la violence. Pourquoi devrais-je encore lire, apprendre des langues étrangères, m’intéresser à l’histoire et à la philosophie, mener une vie sociale réelle, développer une conscience de mon prochain et de mon environnement, si ce travail m’est épargné par le numérique ou considéré comme insignifiant ?

La course au Likes conduit à des comportements dangereux, parfois jusqu’à la violence

Mais attention : comme le dit déjà en 1808 le grand poète allemand Johann Wolfgang von Goethe dans son œuvre majeure « Faust », le diable (Méphistophélès) dit à propos de l’homme Faust : « Méprise la raison et la science, les plus grandes forces de l’homme, laisse-toi convaincre par l’esprit du mensonge dans ses illusions et ses sortilèges, alors je t’aurai déjà… » Ce message est à la fois effrayant et encourageant dans sa modernité. Car il nous laisse le choix de devenir les acteurs ou les objets de notre destin. Pour cela, nous devons non seulement vivre l’humanité, mais aussi conserver un esprit critique, observer, apprendre, évaluer, c’est-à-dire vivre les valeurs qui constituent la colonne vertébrale du progrès depuis au moins le siècle des Lumières.

Et ce qui vaut pour la société dans