L’Allemagne cherche une recette contre la crise

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Article écrit par Cécile Calla

Publié le - Mis à jour le

Les mauvaises nouvelles conjoncturelles continuent de tomber. La sortie de crise va durer plus longtemps que prévu. La coalition doit surmonter ses divisions pour engager davantage de réformes.

Comment l’économie allemande peut-elle renouer durablement avec la croissance ? La question préoccupe le pays tout entier sur fond de grogne sociale. Les grèves se multiplient et même si le pays est passé devant le Japon dans le classement mondial en devenant la troisième puissance économique, personne n’est dupe des difficultés que traverse la première économie de la zone euro. Selon les prévisions du gouvernement allemand publiées le 21 février, la croissance ne devrait atteindre que 0,2 % cette année, soit bien moins qu’attendu. « Nous sortons de la crise plus lentement que nous l’espérions », a reconnu le ministre de l’économie du parti des Verts, Robert Habeck.

Sombre diagnostic

L’économie allemande souffre conjointement du ralentissement de la demande extérieure et intérieure. La faible reprise des exportations cette année limitera la croissance du PIB. Dans le même temps, la consommation des ménages et les investissements des entreprises vont continuer de stagner. Quant aux années à venir, elles n’offrent guère de perspectives optimistes. Si rien n’est fait, la croissance économique sera nettement plus lente que par le passé au cours des dix prochaines années, affirment les experts du gouvernement dans leur rapport.

Seules la baisse de l’inflation, – elle ne devrait pas dépasser 2,8 % cette année-, et la hausse des salaires dans de nombreuses branches, apportent un peu de lumière à ce tableau très sombre. Pour autant, « le gouvernement ne devrait pas endosser la responsabilité de toutes les difficultés rapportées par les fédérations des différentes branches de l’économie allemande », commente le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Les leviers à activer pour soutenir la machine économique sont connus depuis longtemps : réduire la bureaucratie, pallier le manque de main-d’œuvre qualifiée, améliorer les infrastructures et alléger la charge d’impôts des entreprises. Une récente étude de l’institut ZEW a montré que le niveau d’imposition à 28,5 % des entreprises allemandes est l’un des plus élevés d’Europe. Elle se situe au même niveau que l’Espagne dont la charge fiscale effective des entreprises atteint 29%, soit bien au-dessus de la Grande-Bretagne (25,6 %) et de la France (24,2%).

Loi sur les opportunités de croissance

Un projet de loi « sur les opportunités de croissance » veut répondre à ces difficultés en permettant de simplifier les démarches administratives, lutter contre la bureaucratie et inciter à investir et à innover. Néanmoins, le paquet de mesures qui se montait dans le projet initial de la coalition à hauteur de 7 milliards d’euros, ne représente aujourd’hui plus que 3,2 milliards d’allègements et d’incitations fiscales. Il doit encore être voté par le Bundesrat, la deuxième chambre du parlement allemand pour pouvoir entrer en vigueur.

D’autres réformes seront donc nécessaires pour permettre à la première économie de la zone euro de retrouver le chemin d’une croissance forte et répondre à tous les grands défis actuels. Une question revient régulièrement dans le débat : vaut-il mieux soutenir les « vieilles » industries ou encourager les « nouvelles » ? Des économistes comme Ulrike Malmedier, demandent que l’on s’oriente davantage vers l’avenir en mettant l’accent sur les secteurs jeunes et innovants comme l’intelligence artificielle, les biotechnologies ou les technologies environnementales. Un autre débat que devra trancher la coalition tripartite qui réunit, le SPD, les Verts et le FDP.

« Mieux vaut soutenir les vieilles industries ou promouvoir les « nouvelles » industries ? »